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La manifestation Jour de Colère à laquelle j’ai participé s’est terminée vers les 18h. J’étais donc sur la place Vauban quand les affrontements ont commencé. Nous devions être 250 environ sur cette place face à un nombre incroyable et démesuré de CRS. Quelques projectiles de type bouteilles ont été lancés. On nous rabâche les oreilles avec ce CRS qui a été blessé à la mâchoire, mais parle-t-on des policiers en civil que j’ai vu frapper violemment un homme au visage et qui se retrouve sûrement aussi défiguré que ce CRS, mais lui n’avait aucune protection. Je peux témoigner de l’implication des policiers en civil dans tout ce désordre (à l’origine de ce désordre?), que j’ai vu motiver les manifestants à s’attaquer aux CRS pour enfin, au dernier moment, sortir leur brassard et taper sur ceux qui les croyaient avec eux et qu’ils avaient eux-mêmes poussés à agir.

Des fumigènes et des gaz lacrymogènes ont été lancés en pagaille sur nous et sur toute la surface de la place, alors que 90% des gens, dont je fais partie, sur cette place n’étaient que spectateurs. Gazés et dans un épais nuage, il était difficile de trouver une sortie. Je me suis dirigée vers un bout de la place avec des amis pour pouvoir nous en aller mais très vite nous nous sommes retrouvés encerclés par un cordon de CRS considérable qui nous empêchait toute sortie possible malgré maintes demandes.

 

CRS

 

Il était alors 18h15, peut-être 18h30 et nous étions à peine 100. La pagaille se terminait. Nous pensions donc être libérés très rapidement et pouvoir rentrer chez nous sans problème. Cela n’a pas été le cas, les CRS devaient remplir le quota de gardes à vue qui leur était demandé. Ils ont donc pioché au hasard dans la foule et n’ont accepté de donner aucune explication ni aucune information sur ce qui allait nous arriver : « On attend les ordres. » Nous sommes donc restés sous la pluie et dans le froid pendant quatre longues heures, à chanter pacifiquement (type chants scouts) pour tenter d’oublier le froid qui nous saisissait. C’est seulement à 22h que les cars sont arrivés pour nous chercher et que nous avons donc enfin compris que nous ne passerions sûrement pas le reste de la nuit au chaud dans notre lit. Naïfs que nous sommes peut-être, nous avons cru à un simple contrôle d’identité, il nous paraissait absolument improbable de faire de la garde à vue pour avoir chanté sous la pluie. Par petits groupes, nous avons été fouillés ainsi que nos sacs et embarqués dans les cars. La destination nous était encore alors inconnue mais nous nous doutions déjà que nous allions atterrir rue de l’Evangile. Nous sommes donc bien arrivés rue de l’Evangile et par les fenêtres du car, nous avons pu apercevoir tous les autres manifestants qui avaient été embarqués avant nous, parqués dans un dépôt derrière des barbelés et entourés de CRS, dans le froid encore une fois. Nous avons été descendus deux par deux du car, contrôle d’identité à la sortie et menés chacun par un CRS vers le premier lot de manifestants, ceux qui n’avaient pas encore passé l’interrogatoire. Là, nous avons de nouveau attendu de longues heures avant d’être auditionnés. Nous étions trempés jusqu’aux os, et toutes nos affaires étaient également mouillées. Certains d’entre nous étaient mineurs. Un homme a fait une crise d’hypothermie et les CRS ont mis du temps avant d’enfin l’emmener au chaud.

Nous nous sommes allongés sur le sol congelé pour essayer de nous reposer un peu.

 

14-01-26-GAV-evangile

 

Nous avons crié que nous avions froid, que nous n’en pouvions plus de ne pas savoir, d’attendre encore et encore par ce temps glacial, d’être traités comme des animaux. La seule chose qu’ils aient faîte pour nous a été de nous apporter des gobelets d’eau pour nous désaltérer, et en nombre limité (une quinzaine de gobelets pour une centaine de manifestants). Nous avons par la suite utilisé ces gobelets pour jouer au chamboule tout, ce qui a réussi à dérider certains de nos gardes. D’autres ont fait des concours de pompes, et autres petits jeux, bref nous avions tout de grands délinquants.

 

Sans titre2

 

Après ces plusieurs heures passées dans le froid, surveillés comme de grands bandits, j’ai demandé à aller aux toilettes. Un CRS m’a emmenée tout d’abord à la fouille puis m’a conduite jusqu’à des toilettes dehors qui, je ne vous le cache pas, étaient ignobles, et j’ai ensuite été raccompagnée auprès de mes camarades. Enfin est arrivé le moment de l’interrogatoire. Cinq par cinq nous nous sommes présentés à une porte du commissariat. Nous sommes une nouvelle fois passés par l’étape de la fouille. J’ai répondu honnêtement à toutes les questions qui m’ont été posées, et j’ai notifié que je demandais un avocat commis d’office pour mon audition. Je n’ai bien sûr pas signé ce tissu de mensonges qui relatait les faits suivants comme chef d’accusation: Participation à un attroupement armé, violence contre les forces de l’ordre et autres mensonges aberrants. Notre interpellation aurait eu lieu à 19h15, visiblement le mensonge ne leur donne pas mauvaise conscience. Il a bien évidemment été rajouté sur ma fiche de garde à vue la notification suivante: Port d’arme prohibée. Après cet interrogatoire nous avons été remis dehors dans le froid en attendant d’être dispatchés dans les différents commissariats de la région parisienne.

Nous étions quatre affectés à Créteil, trois filles et un garçon. Nous sommes donc montés dans le camion, avec interdiction de toucher à nos sacs. Dans le camion nous nous sommes mis à rire du caractère on ne peut plus grotesque de la situation, les policiers eux restaient impassibles et froids à notre égard. Arrivés à Créteil, il était dans les 1h30 du matin, nous n’avions toujours rien avalé. Nous avons été confiés aux policiers de ce commissariat qui nous ont, pour commencer, menottés à un banc dans une petite cellule. Ils ont alors vérifié notre identité, fouillé nos poches et pris nos sacs. Nous sommes ensuite restés une heure environ menottés à notre banc (croyez-moi le temps commençait à se faire long mais nous étions enfin au « chaud »).

 

14-01-26-fille-menottée

 

J’ai été appelée la première. Je me suis rendue dans une petite pièce où une policière m’a fouillée une nouvelle fois, m’a demandé de retirer mes chaussures, mon manteau et mon soutien-gorge (cette dernière a constaté avec effroi que j’étais trempée comme une soupe). Je tiens à témoigner que certains ont été fouillés entièrement nus et dans une position on ne peut plus dégradante. J’ai ensuite été accompagnée dans un bureau où a été réalisé l’inventaire intégral de mon sac dans les moindres détails puis tous mes bijoux m’ont été retirés ainsi que mon portable. Il ne me restait plus que mon pantalon, mes chaussettes, un petit haut et un gilet, tout cela étant bien évidemment trempé. J’ai alors été un peu questionnée (de manière pas toujours finaude et agréable) puis escortée vers ma cellule. Par chance, ma cellule était assez grande, constituée d’une planche de bois, d’une couverture, éclairée 24h/24 par un néon et placée sous vidéo surveillance. Je pense ne pas avoir besoin de vous dire à quoi ressemble une cellule de garde à vue, de la nourriture sur les murs, fermée à triple tour, etc. Après un petit moment, les deux autres filles sont venues me rejoindre dans la cellule. Là, on nous a demandé si on voulait manger quelque chose, suite à quoi il nous a été servi de quoi nous remplir un peu le ventre après toutes ces heures sans rien avaler. Nous avons réclamé de l’eau, celle-ci ne nous sera jamais servie. « Dormez ça vous fera oublier », nous nous sommes donc exécutées et avons tenté de nous endormir tant bien que mal sur cette planche de bois que nous nous partagions à trois. Nous avons été appelées chacune à notre tour dans une petite salle pour les relevés d’empreintes et de salive ainsi que les photos de face, de profil et de trois quart; nous avons été prévenues que si nous nous y refusions, cela pouvait nous créer de graves ennuis. J’ai donc accepté d’obéir à la procédure. Nous devions être auditionnées vers 9h le matin. Nous avons été auditionnées à partir de 11h. J’ai d’abord eu un entretien avec l’avocat commis d’office qui s’est révélé fort sympathique et compatissant (cela changeait de toutes les personnes que j’avais rencontrées depuis mon interpellation). Quelques minutes plus tard je passais devant l’OPJ avec mon avocat pour être entendue sur les faits. J’ai raconté honnêtement et clairement tout ce dont j’avais été témoin. Mon avocat a souligné la tardiveté de la notification de mes droits (plus de 7h!!!). Il faut savoir que légalement la notification d’une garde à vue doit se faire une heure maximum après l’interpellation. J’ai pu faire prévenir mon employeur vers 11h30. J’ai relu ma déposition avec mon avocat et l’ai signée. « 250 GAV, beaucoup de paperasse pour rien » dixit l’OPJ qui m’a auditionnée. Retour cellule. Nos voisins de cellule étaient là pour des affaires de trafic de drogue et proxénétisme, et pourtant c’est à eux qu’on demandait « ça va? ». Ils ont eu tout le loisir de nous traiter de, excusez-moi les termes, filles de putes, salopes et autres, il n’y a guère que nous trois que cela dérangeait. On ne pouvait aller aux toilettes que lorsque l’on voulait bien ouvrir nos verrous, et les toilettes aussi charmantes que la cellule, sont communes aux garçons et aux filles et vous n’avez pas l’autorisation de fermer la porte pour être tranquille au moins dans ces moments là. J’avais totalement perdu la notion du temps lorsqu’un policier s’est approché de ma cellule pour me demander si je voulais « bouffer ». La collation n’est pas un régal mais étant donné l’heure à laquelle nous avions mangé pour la dernière fois et les quantités servies, j’ai pris. L’après-midi s’est écoulée à attendre la décision du Parquet de Paris, à entendre beugler nos voisins de cellule, à chanter quelques chants pêchus pour ne pas perdre espoir… Et puis enfin, une policière ouvre notre cellule et appelle mes deux camarades en leur disant « Vous êtes libres », c’est à ce moment que j’ai compris que je ne m’en tirerais pas aussi facilement. Quand j’ai demandé ce qu’il en était pour moi, elle m’a répondu que pour moi, ils ne savaient pas encore, que je ne devrais pas tarder à sortir, puis a refermé la cellule en m’y laissant seule. J’ai attendu 2h30 seule dans cette cellule à me demander si j’allais y passer une deuxième nuit, sans que personne ne vienne me tenir au courant de l’avancée de l’affaire, sans que personne ne passe même devant ma cellule. Je pense les 2h30 les plus longues de toute ma garde à vue, j’avais les nerfs à fleur de peau, fatiguée, lessivée, assommée par les proportions lamentables qu’a pris cette histoire, les 24h passées privée de toute liberté et traitée comme un chien, pleurant de rage et d’incompréhension.

Après ce long temps d’attente, un OPJ est venu me chercher, m’a accompagnée dans un bureau où se trouvaient quelques policiers. En guise de dernière humiliation, mes sous-vêtements étaient au milieu de la table à la vue de tous. Ils m’ont demandé de vérifier que mes affaires les plus importantes étaient dans mon sac, oui car monsieur le policier avait la flemme de se refaire le listing de mes affaires, et m’ont demandé de signer le registre comme quoi j’avais bien tout récupéré. Le policier m’a alors fait comprendre qu’il valait mieux pour moi que je me fasse agresser plutôt que d’avoir un Tazer sur moi, et m’a recommandé la bombe lacrymo (tout aussi illégale) avec laquelle j’aurais eu moins de soucis (réellement, une bombe lacrymo en manifestation = moins de soucis??). Cerise sur le gâteau, j’ai appris alors que j’étais convoquée devant le Substitut du Procureur de la République pour un rappel à la Loi pour port d’une arme lors d’un attroupement armé. L’OPJ m’a ensuite dit « Il ne vous reste plus qu’à signer votre fin de garde à vue et vous êtes libre », épuisée je n’ai pas hésité, j’ai signé…sans relire! Celui-ci s’est bien gardé de me dire que j’avais le droit de ne pas signer, mais il ne me l’a pas proposé, ni de relire d’ailleurs. Et il se trouve que cette fiche de fin de garde à vue n’était autre que le récapitulatif de celle que j’avais refusée de signer au premier interrogatoire.

Voilà ce que l’on fait des gens trop bien pensants en France, presque 24h de garde à vue pour avoir participé à une manifestation criante de vérité puis avoir chanté 4h durant sous la pluie.

Enfin, j’atteste sur l’honneur que tout ce dont j’ai été témoin est conforme au récit ci-dessus.

Si vous avez eu le courage de me lire, merci, il est temps d’ouvrir les yeux aux Français.

admin

2 Comments

  1. Bonjour cher collègue de garde a vue, moi aussi j’aimerais faire valoir mes droits car ce qui c’est passé est vraiment inadmissible,
    – pour commencer 5 min seulement après l’évacuation de la place les projectiles de lacrymogène sont déjà lancé et pas juste sur les casseurs tout le monde en a pris dans la gueule même des jeunes filles de 16 ans qui était sur la place et qui ont été pour certaines en garde a vue. le temps de s’en remettre on ne pouvait plus quitter la place car les CRS nous encerclaient,
    – ensuite nous sommes restés debout durant près de 3 heures sur la place toujours dans le vent et le froid alors que nous étions tous trempés de la manifestation qui c’était pourtant très bien déroulé, sans débordement bref génial
    – j’aimerais juste aussi mettre l’accent sur le fait que certains CRS prenaient un malin plaisir a se foutre de nous ils rigolaient entre eux je l’ai vu de mes yeux ils ne sont pas CRS pour rien vous me direz.
    – Puis enfin nous entrons dans les cars (de sans abris qui puaient la pisse) tous serrez comme des sardines impossible de se poser après être resté debout près de 3 heures et j’ai vu que dans certains ils avaient balancé du gaz par les trous du plafond quel honte vraiment.
    – enfin arrivé au poste dans le 18 ème rue de l’évangile, pour rester encore 3 heures a l’extérieur dans le froid et le vent alors que nous étions tous trempés, l’endroit me fait pensé a un goulag car nous étions derrière des grilles et des barbelés à même le sol pour se reposer.
    – vers 1 heure 30 du matin j’entre dans le batiment ou un agent me dit pourquoi je suis arrêté, et le motif est (je faisait parti d’un attroupement armé) alors que le seul arme que j’avais c’était mon drapeau français, de plus le document était déjà tout rempli mais comme je n’ai absolument rien à me reprocher je n’ai pas signé car je n’était pas armé et je ne m’identifiait pas a cet attroupement car j’étais en retrait, ça a duré 15 min max et ensuite je suis retourné dehors dans le froid pendant encore 2 heures je vous laisse faire le calcul ça fait environ 8 heures a l’extérieur complètement trempé et dans le froid et tout le monde criait  » ON A FROID » mais rien n’a changé sauf que au bout de 8 heures dans le froid on nous a proposé d’aller dans le car mais il sentait trop la pisse du coup personne n’y est allé et je précise aussi que 2 personnes ont fait un malaise a cause du froid.
    – puis pour mon cas et certains d’entre nous, nous avons été transférer au commissariat d’asnières où nous sommes restés encore près d’une heures sur un banc avant de nous transférer de nouveau dans un autre commissariat où nous étions en garde a vue comme des criminels dans une cellule dégueulasse et encore les policiers nous ont qu’on avait de la chance d’être là car c’est une des moins sale, les murs étaient couvert de saletés de moisissures et de choses indescriptibles.
    – puis au bout de 22 heures de garde a vue on nous libère en nous disant qu’aucune charge n’était retenu contre nous, quel mascarade tout ça pour ça quel honte, nous étions quand même plus de 250 personnes.

    en résumé on nous a vraiment traité comme des chiens, on s’est moqué de nous, on nous a humilié, nos droit ont été bafoués, on ne nous a rien dit, y a de quoi avoir la rage une chose est sure c’est que je ne ferait pas avoir une 2 ème fois mais ça ne m’empêchera pas de revenir a la prochaine manifestation et ne vous plaignez messieurs les CRS si on ne vous respecte pas car car vous n’êtes absolument pas respectable.

    franck
    franck

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